Antoinette

Le 31 décembre 1926, Chateau de Chennebrun



Après avoir passer seul la semaine à Chennebrun, le grand père repart vers brezolles pour passer la nouvelle année en famille, non sans avoir demander la permission au "patron".
Une bonne nouvelle l'attend, un heureux événement arrivera en 1927. Mais le petit frère évoqué sera une petite soeur. Antoinette, Raymonde, Béatrice MARIE naitra le 11 août 1927 à Brezolles. Il faudra attendre 1929 pour que le mois de mai apporte un petit frère Michel.


Antoinette, Denise et Michel  MARIE vers 1930

Les églantiers





Cela fait deux messages où le grand père parle d'aller aux églantiers. La fin d'année était la période traditionnelle pour aller dans les bois chercher ces arbustes qui vont donner d'excellents porte-greffes aux rosiers du grand père. Dans l'article Victoire familiale, j'évoquais cette passion du rosier.

 Ces églantiers seront greffés de préférence fin août au déclin de la sève. la greffe se fera sur le collet par une greffe en fente pour les variétés naines ou sur la tige pour les variétés "demi tige" ou " haute tige." Ces dernières se feront par greffe en écusson prélevé sur la variété à multiplier.

On en parlera cet été...


Ecussonage mai 1952, dreux



Les vacances payées

Le 28 décembre 1937, chateau du Boissard


L'arrière grand père employé  profite de ses premiers congés payés. Ils datent d'une année de juin 1936 plus précisément avec le front populaire. Ne pas travailler mais être payé , incroyable!
Cela dut être un choc profond dans cette population habituée depuis la naissance à travaillé 6 jours sur 7 tout l'année pour gagner de quoi survivre.
Dans les chateaux, c'est différent les employeurs n'appliquent pas cette loi. Je n'ai pas lu dans les carnets de 37, 38 et 39 de congés payés pour les grands parents. Les habitudes ont la vie dure et je crois que les employeurs de la classe bourgeoise surement opposés au front populaire attendaient sa chute et le retrait des ses lois sociales.
Quand aux employés, ils étaient souvent coupés du monde et vivaient sous la coupe du patron qui les payaient, les logeaient et leur permettaient de se nourrir sur le domaine. Les vies entre ces deux mondes étaient tellement différentes entre l'argent et la misère, la culture et les 3 années d'école primaire, le pouvoir et le dos courbé que peu d'employés n'osent penser à changer quoi que ce soit de cet ordre terrestre validé par le curé, le notaire et le médecin.
J'ai relevé dans le carnet de 1926 que plusieurs fois le grand père parlait du Vicomte des Brosses en employant  le terme :  le maitre.
Un des termes les plus choquant lus dans ces carnets à mes yeux La révolution n'avait pas eu la même intensité partout. Et il nous aura fallu pour nous deux générations de plus pour en sortir vraiment.

Sur le sujet je vous conseille ce livre





Les premiers chapitres évoquent à merveille la dureté du quotidien, ce sentiment d'impuissance des humbles des campagnes et cette soummission quasi génétique contre laquelle il est si difficile de lutter.

Les sangsues

Le 27 décembre 1937, Chateau du Boissard


Les sangsues sont employées en médecine depuis fort longtemps mais au 19 ° siècle sous l'imulsion du docteur Broussais que l'utilisation va se développer. Elles étaient particulièrement utiliser contre les inflammations.
Affamées depuis 100 jours on les déposait sur la peau du dos du patient en ayant pris soin de les rouler dans un linge chaud se qui les rendait "mordantes"
Le traitement avec des sangsues disparait du CODEX en 1938 et cesse d'être remboursé par la sécurité sociale en 1972!


Messe de minuit

Le 24 décembre 1926, Chateau de Chennebrun



Retour au pays pour la famille Marie, messe de minuit avec le traditionnel "Minuit Chrétien" que nous  entendrons encore en famille jusqu'à ces dernières années.
Le lendemain, journée au Boissard en famille. le bonheur simple tout le monde était content.





Bon Noel à toutes et tous et un clin d'oeil à la famille ...
Wouèch la famille de Dreux!

Fabrication de Paillasson pour Chassis

Le 21 décembre 1926, Chateau de Chennebrun


Fabrication de paillassons pour protéger du froid les chassis et la serre.  Pour cela on utilise de la paille de seigle en gerbée qu'il faut peigner énergiquement sur un rateau attaché verticalement pour la débarrasser de toutes les enveloppes et des brins cassés. C'est un travail  assez fastidieux.

Peigne à paille de seigle, folklore de la Beauce vol 2

La construction du paillasson nécessite un chassis en bois de 1m30 de large et de 1,50 m de long. On y tend dans le sens de la longueur 5  ficelles de qualité recouverte de goudron pour l'empêcher de pourrir. Cela ressemble à un métier à tisser de fortune.

On pose ensuite en travers sur les ficelles une couche de paille de seigle de l'épaisseur désirée pour le paillasson. Il ne faut pas avoir de paillassons trop épais car ils pourriraient avec l'humidité de l'hiver. On  croise les brins tête bèche.

Ensuite grace à une navette de fil, on lie sur chaque ficelle tendue la paille par  fétu de 15 brins . Quand toute la paille est liée aux 5 ficelles on égalise les bords en se servant des montants à 1 m30  qui est la largeur standard des Chassis et le paillason est terminé.


Catalogue 1920


Héritage

Le 21 décembre 1937, chateau du Boissard



L'arrière  grand père Vagner décédé, c'est le jour d'aller chez le notaire pour l'héritage.
L'arrière Grand père c'est Auguste, Victor Vagner. Il est né à la Plesse commune de Mainterne le 15 janvier 1859. Avec sa femme Rosine, Marie, Frumence Thiboust, ils ont eu  5 enfants tous nés à la Plesse:
  1. Raymond en 1879 devenu "le pèpère"
  2. Henri en 1881 l'oncle Henri
  3. henriette en 1883 la tante Henriette
  4. Charles en 1885 l'oncle Charles
  5. Armand en 1887 qui n'a jamais été l'oncle Armand car il a été tué en avril 1917 sous les bonbardements de sa tranchée. voir :message langue de belle mère

Mariage Oncle Henri: 3 croix,  à droite de la mariée Marguerite, à gauche avec un bébé la mémère et en haut le pépère



Les dénominations sont trompeuses  car les sauts de générations ne se font pas et l'oncle untel d'une génération le reste même s'il devient le grand oncle. On l'appellera toujours l'oncle Untel. En débutant ma généalogie, j'avais fait parlé ma grand mère Marguerite sur sa famille. J'avais eu beaucoup de mal à déméler les générations d'oncles et de tantes d'autant qu'il fallait que j'ajoute une génération pour mon cas.

Idem pour les grands pères. On les appelait dans la famille "pépère" mais avec la naissance des enfants de la Marguerite, il y a eu deux pépères. Un grand père et un arrière grand père.

La solution fut trouvée on appellerait "pépère"  le grand père Vagner et l'arrière grand père devint :
"Pépère l'aut" diminutif de l'autre Pépère


La Plesse 1933
 

Cuire la dinde

Le 19 décembre 1937, Chateau du Boissard



Le dindon est trop gros pour cuire dans le four familial!


un "Coudrou"

Dans les basses cours d'Eure et loir on élevait pourtant le "Noir de Normandie" autour de 5/8 kg plus légère que la race Américaine qui produit des spécimens de 12/20 kg.
Les dindes étaient élevées par la grand mère Marie qui était basse courière au Boissard. Les dindes sont d'excellentes couveuses et peuvent faire naitre une bonne dizaine de dindonneaux. Ceux ci sont assez fragiles à leur naissance. Il faut les nourrir avec des patés de farine d'orge , d'oeufs et d'un hachi d'orties. Vers deux mois, ils "prennent le rouge", deuxième phase délicate de l'élevage où les dindonneaux prennent leur couleur adulte, les "ados" sont plus faibles et donc sensibles aux maladies. Vient la troisième phase de l'élevage "l'engraissement qui prend beaucoup de temps et de grain. Autrefois on donnait la garde d'une troupe de dindes à un enfant qui les menait vers les champs moissonnés afin de les nourrir sur les gains tombés lors de la moisson.

Le Dindon ou "Coudrou" comme on disait à l'époque dans la région a  la réputation d'avoir un caractère querelleur. J'ai le souvenir personnel devant la porte de la basse cour paternelle de devoir me munir d'un baton avant de pénètrer dans l'enclos. La troupe de dindons à nourrir ayant tendance à devenir agressive en vieillissant. Sales bêtes !


Les Artichauts

Le 19 décembre 1927, chateau de Chennebrun


En 1927, il faisait -10 la nuit à partir de mi décembre, le grand père a fini de cacher ses artichauts dans les bonnes dates mais peut être un peu tard vu la gelée soudaine.

En effet ces plantes vivaces sont très sensibles au froid. En pratique, à partir du 15 novembre il faut couper les feuilles à 30 cm du sol et butter la terre autour du pied sans enterrer le coeur de la plante qui lui est sensible à l'humidité , il pourrirait après avoir blanchi. (voir Cardons). Le buttage est complété mi décembre par un couvert de feuilles ou de litière qui protègera le coeur. 



le jardin familial, maison rsutique

Cette protection sera otée dès le mois de février pendant les jours ensoleillés et définitivement au mois de mars après les grands froids. On débuttera et on retirera les oeilletons  après avoir laissé les trois plus beaux pour la récolte de l'année.
Et si tout va bien, cette plante frileuse et sensible donnera de superbes fleurs à manger ou à admirer. Elles sont le garde manger de nos insectes; ici Abeille et Coccinelle.

St prest Eté 2010

Les recettes de Mamie: Gateau à Germaine






Recette du Gateau à Germaine la tante de Mamie par alliance.
Ici en 1965 à Brezolles en compagnie de l'oncle Charles Vagner l'ancien berger et  la tante Henriette Vagner.


Henriette Vagner, CharlesVagner et Germaine, 1965 Brezolles


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Casser sa Pipe

Le 14 décembre 1926, Chateau de Chennebrun






Aprés 15 mois elle doit être bien réparée...

L'histoire ne dit pas qu'elle sorte de pipe était ce. Si une réparation était possible, je pense qu'il s'agissait d'une pipe en bois et non en terre comme on en trouvait encore beaucoup à l'époque. La maison Gambier dans les Ardennes ferma définitivement ses portes en 1926. Auparavant elle avait produit depuis 1780 des millions de pipe en terre dont le fameux Jacob. Le catalogue possédait 2000 références de pipes lisses scultées , etc..



La première guerre mondiale a fait disparaitre les pipes en terre au profit de la cigarette. La pipe en bois bien que moins présente continua son histoire. la plus célèbre de France est la pipe de bruyère de St claude.


mon oncle Tati 1958

En 1928,  Magritte fit une déclaration à ce sujet:


trahison des images


Qu'elle pile !

Le 11 décembre 1927, château de Chennebrun


Heureusement que Boudin est sympa pour l'auto et le souper car pour le reste de la journée.
Le football, c'était tous les dimanches pour le grand père. Dans tous les carnets il évoquera ses matchs en première, en réserve. La coupe de France a à peine 10 ans et dèjà toutes les petites communes de France ont un stade "le pré" et une équipe. Les championnats locaux sont assez fournis et les filles jouent déjà.



même si elles ont déjà très critiquées

En 1927 l'équipe de France s'est fait battre en mai au stade de Colombes 6/0 par les Anglais et 4/1 par les espagnols. En juin en déplacement à Budapest elle se fait battre 13/1 face à la hongrie!
Qu'elle pile!

stade de colombes





Le Goupil à Cor et à Cri

Le 10 décembre 1927, château de Chennebrun


Chasse au Goupil au bois avec la meute.  La petite vénerie chasse traditionnelle très ancienne est pratiquée à cheval et parfois à pied. Ici le chasseur guide et relance mais ce sont les chiens qui chassent.
Apanage traditionnel de l'aristocratie, le vicomte des brosses participe à cette chasse très appréciée à cheval à cette époque en Angleterre. Ce jour, le grand père ne nous dit pas si la chasse était à courre ou sous terre .


Rox ou Goupil?


Mais à courre Goupil est malin et s'il ne donne pas la change, il pourra effectuer un hourvari pour forlonger sans couper la voie ou préférer un passage d'eau au débuché. L'hallali est rare.
Apparemment le laisser-courre n'a pas attiré le grand père.



 Depuis 2004, le FOX Hunting est interdit en Grande Bretagne, en France c'est l'inverse, la vénerie est le seul mode de chasse a se développer.

La vie urbaine à éloigner l'homme de la nature et de sa rudesse. On ne tue plus ses lapins ou poulets pour manger, on ne saigne plus, ne découpe plus leur viande. Tout est tué, débité et emballé avant l'achat. Tout est propre. La sensibilité du grand public envers le monde animal domestique ou sauvage s'est donc transformée. La chasse et les Chasseurs sont devenus des barbares pour le plus grand nombre et le sujet de la chasse déclenche immédiatement des controverses violentes.

Par contre la chasse à cour où l'on participe à cheval à une activité devenue "sport" reste mondaine et attire les urbains leur permettant de chasser traditionnellement sans avoir à tuer personnellement.
Est ce cet éloignement du cadavre, les chevaux, les tenues, les traditions, le très faible prélèvement ( entre 1 pour cent et 1 pour 1000!) qui attirent ou bien  un élan de sauvagerie ancestrale enfoui dans le cerveau reptilien , un désir animal de traquer et de tuer .

Quand on suit l'actualité dans le monde, on se rend bien compte que la couche de vernis civilisateur de 10000 ans d'âge est en fait très mince face aux 8 millions d'années précédentes.Elle craque très facilement laissant se répandre devant nos écrans quelques massacres bien présents.


laisser courre avec les superbes photos de Fabrice TOUTEE

Les ventouses

Le 8 décembre 1937, chateau du Boissard



L'arrière grand mère Vagner mère de Marguerite est atteinte de pleurésie en cette fin d'automne 1937. Le médecin consulté a prescrit des piqures et des ventouses.


Très vieille technique de soin déjà citée par Hippocrate, cela favorise la circulation sanguine dans la zone infectée permettant de l'assainir et  a un coté antalgique en saturant les récepteurs.
Les antibiotiques se sont imposés depuis faisant tomber dans l'oubli cette méthode.
La roue tourne et on les verra peut être réapparaitre en complément des traitements actuels.








La Saint Nicolas

Le 6 décembre 1937, Chateau du Boissard


Les arrières grands parents sont allés à la fête de la St Nicolas à Brezolles. St Nicolas est le patron de l'église de Brezolles depuis que René II d'Alençon seigneur de Brezolles a épousé Marguerite de Lorraine en 1483 . Veuve en 1492 elle est devenue régente du Duché.

Marguetite de Lorraine

En venant de Loraine Marguerite avait apporté sa foi en St Nicolas patron de la Lorraine et imposé celui ci comme patron de l'église de Brezolles à la place de St Germain évêque d'Auxerre qui était le patron initial lors de la construction de la petite église en 1050.
On l'avait édifiée au milieu des remparts du chateau en haut de cette butte recouverte de bruyères tout juste défrichée de le grande forêt primaire qui s'y étendait alors. Les forêts de Senonches et de Chateauneuf  sont les deux parties survivantes de ces grands travaux de défrichement du haut moyen age. La présence de bruyère sur le site à donné son nom à la ville "Bruerolensis". Elle dominait la Meuvette et faisait face au duché ennemi voisin de Normandie .



Armes du duché d'Alençon


 Quand aux nouilles en 1937, le "pèr lustucru" est le roi des pates aux oeufs.